J’ai imaginé totalement l’histoire qui suit, mais les documents postaux et timbres sont authentiques. J’espère que les informations sur la Lloyd Austriaco sont véridiques ; je les ai repris sur le site internet mentionné ci-dessous.

Mon père était responsable du courrier à la LlOyd Austriaco à Beyrouth, ainsi qu’en témoigne ce courrier datant de 1855.

La compagnie d’assurances «  Lloyd Austriaco (Lloyd autrichien) », basée dans le port de Trieste, a débuté en 1833 comme une organisation d’assurance fournissant des informations sur le commerce maritime et ses risques.


En 1836, elle créa une filiale de navigation afin d’obtenir plus rapidement des informations exclusives. Très naturellement, cette filiale amortît ses coûts en effectuant le transport de passagers et de courrier grâce à ses nombreux bateaux à vapeur.


La régularité et l’étendue du réseau maritime de la Lloyd Austriaco en firent une compagnie postale très appréciée des commerçants de toutes nationalités. Ils lui confiaient leur courrier affranchi de timbres vendus par les bureaux de poste autrichiens installés dans ses principales escales, illustrées par la carte suivante.

Seuls les vapeurs français étaient en mesure de rivaliser avec ceux de la Lloyd Austriaco, notamment pour la desserte des “échelles du Levant” (Haïfa, Beyrouth …).

J’ai suivi les traces de mon père et, en 1890, je suis chargé de prendre la direction de l’agence d’Alexandrette (Iskenderun) dans l’empire ottoman. Désormais, il y a une poste autrichienne dans cette ville du Levant. Mais à propos pourquoi cette appellation de Levant.

L’implantation de bureaux de poste de différents pays (Allemagne, Autriche, France, Grande Bretagne, Italie, Russie et, après 1918 très provisoirement, Pologne et Roumanie) était permise en raison des “capitulations” . Les timbres qui suivent illustrent ces différents bureaux.

Pour plus d’informations sur les capitulations, il est possible de consulter le site http://www.imprescriptible.fr/mandelstam/c17/p1

Remontons un peu le cours de l’histoire, c’est à la conférence de Lausanne, qui se termina par un traité de paix, signé le 24 juillet 1923, que  les Turcs obtiennent l’abolition des Capitulations judiciaires.  Sont désignées sous le nom de Capitulations divers actes, contrats, conventions, signés par le souverain de certains pays.

En ce qui concerne la Turquie, des capitulations réglant le statut des étrangers dans l’Empire ottoman furent établies dès 1535-1536 entre le sultan Soliman le Magnifique et le roi de France François Ier. Pour ce qui nous intéresse ici, elles donnaient des privilèges aux commerçants et notamment le droit d’installer et  gérer des bureaux de poste.

Au début du vingtième siècle, les nationalistes Turcs ont dénoncé les capitulations comme une atteinte à la souveraineté de la Turquie. En 1908 la révolution jeune-turque en proclame l’abolition et le sultan dénonce unilatéralement ce régime le 9 septembre 1914.

Le régime des Echelles (ports) est lié aux capitulations. On distingue les Échelles du Levant de celles de Barbarie. Les premières sont les ports de Constantinople, Smyrne, Alexandrie, ainsi que des villes situées à l’intérieur des terres : Le Caire, Alep, Damas. Certaines Échelles s’étendent à des régions entières : la Crète, Chypre, la Morée (Grèce).

On nomme Échelles du Levant les ports marchands de la Méditerranée orientale, soumis à la domination ottomane et dans lesquels les Européens ont des comptoirs. Cette expression vient du turc « iskele »  et doit son origine aux échelles ou degrés appuyés sur les môles des ports de ces places et au bas desquels les vaisseaux viennent décharger les passagers et les marchandises.

Les Échelles de Barbarie, en Afrique du Nord, sont beaucoup plus nombreuses. On compte Tripoli, le cap Nègre, Tunis, Bastion de France, La Calle, Bône, Alger, Oran, Salé, Safi, Mogador, Agadir et Fès parmi les principales.

Nous nous intéresserons ici aux échelles du Levant telles qu’elles existaient encore au dix-neuvième siècle et au début du vingtième, alors qu’une partie du territoire grec avait pris son indépendance.

Pour les bureaux autrichiens du Levant voici une liste de bureaux, notés dans une vente sur offre “Schwanke, Hambourg 326 Auktion 02-04/09/10”  et qu’on peut situer sur la carte ci-dessous :

Adrianopel (Andrinople), Alexandrien, Beirut (Beyrut, Berutti), Belgrad, Candia (Crête), Canea (Crête), Cavalla, Cesme, Constantinopel, Corfu, Dardanellen, Dede-Agatsch, Dulcien-Sangiovanni di Medua, Durazzo, Filippopel, Fokschan, Galatz, Gallipoli, Giurgevo, Janina, Jassy, Jerusalem, Ineboli, Jaffa, Kerassunde, Küstenje, Lagos, Larnacca, Leros, Mersina, Meteline(o),Philipoli, Ploeschti, Port Saïd, Prevesa, Rettimo, Rhodus, Rodosto , Rustschuk Saloniki, Samsun, Sajada, Salonich, San Giovanni di Medua, Scio, Scutari, Serres, Sinope, Sira, Smirna, Sofia, Sulina, Tenedos, Trapezun, Trebisonda, Tultscha, Valona, Varna, Volo, Widdin, Alexandrette, Mersina Tripolis (Syrien ??).

Dans les cachets des bureaux autrichiens qui suivent, il peut s’agir indifféremment d’un cachet de départ ou d’arrivée.

Au contraire de certains timbres des bureaux italiens ou russes (voir plus haut), les timbres des bureaux autrichiens n’ont jamais indiqué en surcharge le nom de la ville.

Pour gagner Alexandrette, j’ai d’abord pris un navire de la flotte Lloyd Austriaco qui est parti du grand port de la province du Kustenland qu’est Fiume.

J’ai fait escale à San Giovanni di Medua, puis à Durazzo (cachet de la poste du bateau), port d’Albanie (nommé Durrès). Le bateau a aussi fait escale à  Valona.

En  Crête,  je suis descendu à Candie (Heraklion), puis à la Canée.

J’ai repris mon voyage pour atteindre d’abord l’île de Rhodes, Cesme,  Smyrne, l’île de Chios, lieu du massacre de la population grecque en 1822 au moment de la guerre d’indépendance de la Grèce et  enfin Smyrne.

Ensuite, j’ai gagné Salonique,   avant d’atteindre Constantinople.

Après quinze  jours à Constantinople, par voie de terre, j’ai gagné Andrinople en Thrace et Philippopoli en Roumélie.

Je suis rentré à Constantinople d’où j’ai repris mon voyage dans la mer Noire pour gagner l’embouchure du Danube, débarquer au port de Galatz (Galati), aujourd’hui en Roumanie et gagner Iassy au cœur de la Moldavie.

De retour au port de Galatz , j’ai ensuite gagné Trebizonde et enfin Alexandrette (Iskenderun) en Turquie d’Asie, lieu final de mon voyage. Ce voyage aura duré trois mois.

 

Depuis la présentation de cette mini-conférence, un article sur le même sujet a été rédigé totalement indépendamment avec le titre “Escales dans les villes du Levant autrichien”. Il présente divers courriers. Nous indiquons sa référence dans la bibliographie.

 

Bibliographie

Escales dans les villes du Levant autrichien, Timbres magazine, Avril 2013,  N° 144,  p 74-76

Sur Mitylène (Metelin), bureau français, http://robert.desert.chez-alice.fr/metelin.htm

Sur la Lloyd austriaco :

3 thoughts on “Visite à quelques bureaux autrichiens du Levant”
  1. belle balade…………..difficile à faire aujourd’hui !
    et jolies pièces postales
    toujours le bon boulot ! amicalement

  2. Je cherche un renseignement sur un entier postal d’Europe du catalogue Michel des entiers postaux d’Europe avant 1960 ,page 429-No 3b.
    Il s’agit d’un entier postal de la poste autrichienne au Levant de 1880 avec l’indication “ohne Stern rechts unten” que je ne comprends pas.
    Auriez-vous une explication pour cette mention ?
    Merci d’avance..

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