Avant d’illustrer cet exposé par des timbres, nous donnerons les définitions générales suivantes :

Parc : Étendue de terrain entretenu, entièrement clos, dépendant généralement d’un château, d’une grande habitation.

Jardin : Terrain, généralement clos, où l’on cultive des végétaux utiles ou d’agrément.

Paysagiste : Aménageur des parcs et jardins publics, privés, ou des voiries.

Dans l’histoire des jardins, nous mettrons l’accent sur l’expérience du jardin à la française, puis nous prendrons en considération diverses autres types en France en présentant les timbres qui s’y rapportent.

Nous aborderons ensuite diverses réalisations en Europe, dont les jardins à l’anglaise.

Jardin à la française

Le jardin à la française, également appelé jardin régulier ou jardin classique retient le principe d’imposer de l’ordre à la nature avec des garnitures et des agréments.

Le jardin à la française s’inspire des jardins de la Renaissance française, eux même inspirés par les jardins italiens de cette époque caractérisés par des plantations créés selon des formes géométriques disposés avec des motifs symétriques, l’utilisation de fontaines et cascades, d’escaliers et de rampes et de statues.

L’inspiration est l’Italie de la Renaissance avec notamment le jardin de Boboli à Florence (timbre italien ci-dessous) et de la villa Medicea de Fiesole.

Une première application en France est le jardin du château d’Anet conçu par Philibert Delorme en 1550. Le timbre avec son portrait présente aussi le château d’Anet mais ne montre aucunement les jardins.

Le timbre suivant ne montre pas plus que le premier les jardins.

Le jardin classique culmine au XVIIe siècle avec la création pour Louis XIV du jardin de Versailles réalisé par André le Nôtre.

Mais, le premier jardin à la française important est celui de Vaux le Vicomte créé en 1656.

Les jardins de Versailles ont fait l’objet de plusieurs timbres français.

Le Nôtre est aussi à l’origine:

  • du jardin des Tuileries à Paris. Ce jardin doit son nom des fabriques de tuiles qui se tenaient à l’endroit où la reine Catherine de Médicis a fait édifier, en 1564, le palais des Tuileries détruit lors de la Commune. Le célèbre jardinier du roi, André Le Nôtre, lui donne à partir de 1664 son aspect actuel de jardin à la française, Le jardin est représenté sur le bloc ci-dessous (partie de gauche). La partie droite concerne le parc floral de Vincennes, décrit un peu plus loin.
  • des jardins du château de Chantilly,
  • le parc de Saint Cloud, ici vue générale et de la grande cascade,
  • le parc de Sceaux, commandé par Colbert
  • le jardin du château d’Ussé,
  • les jardins de Castres.

Un autre architecte de la Renaissance Jacques Androuet du Cerceau était aussi paysagiste et a réalisé le château de Villandry. Le jardin a été reconstitué en1906 par le docteur Joachim Carvallo à partir de planches et de textes anciens de l’architecte Jacques Androuet du Cerceau. Trois timbres présentent les jardins.

Des jardins à l’anglaise ont aussi été réalisés en France. Un exemple illustré sur timbre est celui du château de Cheverny. Ce parc, situé dans le Loir-et-Cher, permet de découvrir de larges parterres de gazon composés d’arbres aux essences rares et plantés au début du 19ème siècle – dont une allée de cèdres longue de 500m-. Le Jardin des Apprentis, dans un style contemporain, voisine avec le potager.

Des parcs plus contemporains ont fait l’objet de timbres :

  • à Paris, le jardin des plantes, parc à la fois botanique, écologique et zoologique. Sous le nom de jardin royal des plantes médicinales il est créé en 1626, par Guy De La Brosse, Un de ses administrateurs a été Buffon.
  • à Paris, le parc de buttes Chaumont. Avec près de 25 hectares, le parc est l’un des plus grands espaces verts de Paris. Inauguré le 1er avril 1867 ; il a été conçu par l’ingénieur Adolphe Alphand et les paysagistes Jean-Pierre Barillet-Deschamps et Edouard André. Ce jardin à l’anglaise imite un paysage de montagne : rochers, falaises, torrents, cascades, grotte, alpages, belvédères. Avant son aménagement en un parc paysager, le site des Buttes-Chaumont faisait partie des lieux les plus désolés à proximité immédiate de Paris, et était affligé d’une sinistre réputation. En effet, du Moyen Âge jusqu’au XVIIe siècle, la justice royale était rendue au pied des buttes, là où se dressait le gibet de Montfaucon.
  • à Vincennes, le parc floral, inauguré en 1969 pour accueillir les Floralies internationales de Paris, est un jardin botanique  aménagé sur d’anciens terrains militaires de l’époque napoléonienne. Il est l’œuvre de Daniel Collin (1914-1990), ingénieur horticole de la Ville de Paris et architecte paysagiste.
  • à Lyon le parc de la tête d’or est représenté sur ce bloc,
  • à Marseille , deux parcs sont illustrés : le parc Borély abrite une bastide du XVIIIe siècle, mise en valeur par un jardin “à la française” et un parc paysager du XIXe siècle. Le jardin garde l’empreinte de l’ingénieur et architecte Embry, intervenu sur le site en 1775. Le parc Longchamp a été édifié au 19ème siècle pour célébrer l’arrivée des eaux de la Durance presque vingt ans plus tôt à Marseille grâce à un canal ; il comportait à l’origine un parc zoologique  ouvert en 1854,
  • à Nîmes, les jardins de la Fontaine réalisés entre 1745 et 1755 par Jacques-Philippe Mareschal (1689-1778) sont l’un des premiers parcs publics d’Europe.

Visitons maintenant d’autres pays.

Allemagne

Retenons d’abord le jardin romantique autour du château de Wilhelmshöhe à Kassel. Descendant la longue pente d’une colline couronnée par la statue géante d’Hercule, les jeux d’eau monumentaux de ce parc furent créés à partir de 1689 par le landgrave Charles Ier de Hesse-Cassel autour d’un axe est-ouest par l’architecte paysagiste italien Guernieri et terminé par du Ry, ingénieur au service du landgrave, émigré huguenot.

On doit à Frédéric le Grand la construction du château de Sans Souci, palais d’été situé à Potsdam (à proximité de Berlin) bâti entre 1745 et 1747 par l’architecte Georg Wenzeslaus von Knobelsdorff dans un style issu du rococo, que l’on nomme rococo frédéricien, Il comporte des jardins. Cette vignette de distributeur représente ce château et ses jardins.

Un timbre montre à nouveau ce palais et les jardins.

Dans le parc sont situés le nouveau palais et d’autres bâtiments.

A Berlin, le château de Bellevue fut construit en 1785 par l’architecte Philipp Daniel Boumann sur une commande du prince Auguste Ferdinand de Prusse. C’est la résidence du président de la république. Le château jouxte un parc de vingt hectares, dont la partie ouest est constitué d’un parc à l’anglaise. Il fut le premier bâtiment de style néo-classique construit dans le royaume de Prusse.

Matthaus Daniel Pöppelmann (1662-1736) a conçu le Zwinger de Dresde et le chateâu de Grosssedlitz.

Mentionnons aussi Peter Joseph Lenné (1789 – 1866) paysagiste prussien, créateur de parcs à l’origine du romantisme paysager allemand. Issu d’une famille de jardiniers de châteaux, il étudia à Paris, puis obtint, en 1816, un poste dans l’administration royale prussienne, il rencontra l’architecte Karl Friedrich Schinkel en travaillant au château de Glienicke. Les deux hommes s’efforcèrent de créer, à Berlin et à Potsdam, un vaste ensemble paysager fait d’équilibre et d’harmonie. Son portrait sur timbre montre un plan du zoo de Berlin.

Les parcs de Wörlitz et Tiefurt représentés ci-dessous sont de style anglais

Les jardins rococo de Grossedlitz, du belvédère à Weimar et de Dornburg sont présentés sur timbres de république démocratique allemande.

Autriche

Les jardins à la française du parc du château de Schönbrunn furent dessinés en 1695 par un élève de Le Nôtre, Jean Tréhet. Le parc comprend de fausses ruines romaines et une orangerie, apanage des palais de grand luxe de cette époque Le parc est bien visible sur ce timbre autrichien.

Le château du belvédère à Vienne est un palais baroque construit par Lukas von Hildebrandt. C’est aujourd’hui un musée abritant notamment les peintures de Klimt, Kokoschka et Schiele.

 Le Prater, grand espace vert au sein de Vienne, est situé entre le Danube et le canal du Danube. et regroupe la Grande Roue de près de 65 m de hauteur, une fête foraine permanente, un parc, le plus grand stade autrichien – le Stade Ernst Happel-, ainsi que le palais des congrès de la ville.

Belgique

La commanderie d’Alden Biesen est une résidence de style baroque tardif agrémentée d’un parc à l’anglaise.

A Annevoie, les jardins d’eau sont créés dès 1758 par  Charles-Alexis de Montpellier (1717-1807), qui utilise pour cela les cours d’eau qui alimentent ses forges en amont et contrebas du château. Il fait agrandir le château et, s’inspirant de ses nombreux voyages en Europe et aménager le parc avec des perspectives de jardin à la française, agrémentées de niveaux et d’effets d’eau de jardin à l’italienne et de paysages de jardin à l’anglaise.

Le parc de Beervelde à Lochristi s’étend sur une superficie de 25 ha. Le dessin actuel dans le style paysager anglais remonte à 1873. L’idée de base est de présenter sur une surface relativement restreinte un paysage naturel de rêve.

Irlande

A Garinish Island  autour de la maison Bryce le jardin est l’oeuvre du paysagiste : Harold Peto.

Italie

La villa Durazzo-Pallavicini est une grande demeure historique située à Pegli quartier résidentiel à l’ouest de la ville de Gênes. L’édifice, aujourd’hui propriété de la ville, abrite le musée d’Archéologie ligure mu et est entouré d’un parc de près de dix hectares qui compte parmi les principaux jardins historiques d’Europe. L’ensemble a été réalisé par Michele Canzio à partir de 1840.

Reggia di Caserta combine des jardins entretenus et des forêts naturelles. Le jardin anglais est l’un des plus grands, plus anciens et des plus importants espaces créés en Europe.

Pays-Bas

Le palais Het Loo ( en français le « palais des Bois ») est un palais royal construit entre 1684 et 1686 à Apeldoorn. Les jardins à la française ont été dessinés par Claude Desgots, neveu d’André Le Nôtre. C’est aujourd’hui un musée.

La Huis ten Bosch (en français : « Maison au Bois ») est un palais royal néerlandais situé à La Haye. Construit selon les plans de Pieter Post dans le bois de La Haye (Haagse Bos), le palais est la résidence principale du roi des Pays-Bas.

République Tchèque

A Prague, les jardins du château, ornés d’une « fontaine chantante » (les gouttes d’eau en tombant dans les vasques de bronze les font résonner) ont été dessinés en 1568 par Francesco Terzio.

A Prague toujours, pour la construction de son palais, Wallenstein fait appel aux artistes les plus en vue de son époque comme Andrea Spezza d’Arongo, qui s’était rendu célèbre en Allemagne, Autriche et Pologne, Giovanni Pieroni et Nicolò Sebregondi, actif essentiellement à Rome et Mantoue. Les jardins sont ornés de sculptures d’Adrien de Vries, auparavant sculpteur officiel de l’empereur Rodolphe II; ce sculpteur crée pour les jardins un ensemble maniériste de statues et de fontaines unique en son genre.

Royaume Uni

Pitmedden en Ecosse montre des jardins très géométriques.

Lancelot « Capability » Brown (1715-1783), paysagiste anglais est considéré comme « le plus grand jardinier d’Angleterre »; il reste la figure la plus célèbre de l’histoire du jardin à l’anglaise .Le bloc ci-dessous montre diverses réalisations.

Russie

Faisant face au golfe de Finlande, la municipalité de Peterhof est connue pour le vaste complexe de musées du même nom, qui inclut le palais majestueux du XVIIIe siècle aussi appelé Petrodvorets, des jardins paysagers soigneusement aménagés et de spectaculaires fontaines agrémentées de statues.

Slovénie

Le parc Tivoli de Ljubljana a été aménagé sur les plans de l’ingénieur Jean Blanchard en 1813 quand Ljubljana était la capitale des provinces illyriennes françaises.

Bibliographie

Voyage au pays des jardins : l’art du paysage raconté en timbres, Stéphane Bern, Edition du Cherche Midi, octobre 2019

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